Par Rufin Wakilongo
Grâce aux activistes qui ont tiré la sonnette d’alarme au sujet des agressions sexuelles en milieu scolaire et universitaire et du harcèlement au travail, les conversations sur les violences basées sur le genre n’ont jamais été aussi nombreuses.
Nous avons vu exemple après exemple de mauvais comportements de la part d’agresseurs et des harceleurs être révélés au grand jour, et nous avons des conversations nuancées sur ce que signifie la création d’une « culture de consentement ». Mais un aspect des violences basées sur le genre qui est souvent négligé dans ces conversations, c’est la coercition reproductive, une forme de violence basée sur le genre qui est scandaleusement courante en RDC.
Dans cet article de blog, nous allons traiter de la coercition reproductive en 3 questions.
La coercition reproductive qu’est-ce que c’est ?
La coercition reproductive se produit chaque fois qu’une personne exerce des pressions sur une autre personne au sujet de sa prise de décision en matière de reproduction ou prend des mesures qui rendent plus difficile pour cette personne d’exercer librement son ou ses choix en matière de reproduction. Cette expression désigne aussi toutes sortes de fraudes qui sont utilisées par des partenaires pour mettre leurs copines ou femmes enceintes contre leur gré.
La coercition reproductive recouvre toute une série de comportements : cela peut être la destruction ou la dissimulation des pilules contraceptives ; le fait d’endommager le préservatif en le perçant par exemple ; décider de faire un coït interrompu et finalement de ne pas interrompre la relation sexuelle afin de mettre la fille enceinte ; encore une autre manière s’appelle le « stealthing » qui est une forme d’agression sexuelle où quelqu’un retire le préservatif pendant un rapport sexuel à l’insu de son partenaire ou sans son consentement ; le fait de pousser un partenaire à avoir des rapports sexuels à certains moments de son cycle reproductif ou le fait de faire pression sur une personne pour qu’elle tombe enceinte ou avorte sans le vouloir sont tous des exemples de coercition reproductive qui concourent souvent à des grossesses non désirées.
Pourquoi n’en parle-t-on pas en RDC ?
C’est un phénomène qui est très peu connu en RDC, en revanche, on connait bien l’expression « elle lui a fait un enfant dans le dos » et pourtant dans d’autres pays comme le Canada et les États-Unis, le phénomène de coercition reproductive est non seulement connu mais aussi on sait que ça arrive dans 7 à 25% des grossesses non désirées ; c’est souvent associé au contexte des violences dans le couple. C’est d’ailleurs une violence en soi et c’est pourquoi il est urgent que dans notre pays on puisse l’identifier de manière très spécifique.
Que peut-on faire ?
La première de choses à faire c’est d’en parler, de savoir que ça existe afin que les filles et les femmes puissent se poser la question de savoir si ça leur est arrivé.
Une autre façon de faire est d’organiser, des activités, conférences, des espaces de discussion visant à faire appel à témoignage, en plus grâce à ces témoignages, nous comprendrons non seulement différentes formes de ce phénomène mais on pourra aussi former les professionnels de santé à détecter ce type de violence et aussi, bien entendu, informer non seulement les filles et les femmes mais l’ensemble de la population afin de visibiliser ce phénomène et de mettre en place des mesures pour contrer cette fraude à la contraception qui concourt à un certain nombre des grossesses non désirées et dont souvent aussi à des avortements.
Ça vous est déjà arrivé ? Ou à une de vos connaissances ?
Aidez-nous à combattre cette violence.
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