Célébrée depuis 2014, la journée internationale de l’hygiène menstruelle se tient le 28 Mai de chaque année.
Encore maintenant dans le monde et en RDC, avoir ses règles est un sujet tabou. Considéré comme de la saleté par les uns et comme une malédiction pour d’autres, le sang qui coule du corps de la femme pendant la période menstruelle amène certaines femmes à se cacher. Cette situation fait déjà que dès les premières règles, la jeune fille se retrouve généralement sans information et livrée à elle-même. Elle peut alors ne pas savoir comment gérer cette partie de son cycle dans son quotidien et surtout quand elle doit aller à l’école. La mauvaise gestion des menstrues constitue un danger non seulement du point de vue sanitaire mais aussi pour le maintien des filles à l’école à cause des stigmatisations dont elles peuvent être victimes et aussi de l’inconfort personnel.
Selon UNFPA, 66% de filles en RDC ne disposent pas d’une bonne information sur la menstruation avant d’être confrontées à leurs premières règles, ce qui rend l’expérience négative, et parfois traumatisante.
La journée mondiale de l’hygiène et la santé menstruelle pour l’année 2023 en RDC a été donc placée sous le thème : « Faire de la menstruation un élément important de la vie d’ici 2030 ». C’est à cette occasion qu’en date du 30 Mai 2023, que Youth Alliance for Reproductive Health en collaboration avec Repro Justice Congo (RJC), l’Ecole de Santé Publique de l’Université de Goma et le Programme National de la Santé de l’Adolescent (PNSA) ont organisé à l’Université de Goma une conférence de plaidoyer pour analyser les enjeux actuels concernant l’hygiène menstruelle dans l’Est de la RDC.
Deux brillants exposés et un plaidoyer, appelant à des actions immédiates et concrètes pour améliorer la situation des femmes et des filles.
Mr MURABAZI Justin, spécialiste en santé publique, docteur en médecine et inspecteur à la DPS qui était parmi les intervenants au cours de cette sensibilisation a eu à faire un exposé autour de la compréhension de la puberté.
Dans son exposé il a souligné que : « la puberté ne doit pas être confondue avec la croissance. La puberté est une étape psychologique, un entre-deux spécifique introduisant des dimensions émotionnelle et cognitive qui bouleverse les repères jusqu’alors constitués de l’enfance et qui met à jour une nouvelle identité que l’adolescent va devoir s’approprier. »
Jemima KAMALA, étudiante à l’UNIGOM en Santé Publique en première licence :
« Lorsque j’ai eu mes premières règles, c’était un fait nouveau que je ne connaissais pas encore. Avant que je ne fasse recours à ma mère j’ai été dans des situations vraiment embarrassantes car je n’avais pas encore appris des notions sur l’hygiène menstruelle et cela m’a apporté un grand préjudice en milieu scolaire car partagé entre la honte et les moqueries des garçons de ma classe sans oublier les surplus des maux de ventre. J’ai eu la honte de ma vie, et c’est ce qui m’a poussée à aller vers ma mère pour lui signifier ce qui n’allait pas avec moi. C’est ainsi que j’ai donc appris aux cotés de ma mère ce que sont les menstrues et l’hygiène qui va avec. »
Introduite par le Coordonnateur du Programme National de Santé de l’Adolescent (PNSA) en la personne de Mr Gédéon BAKE, Mme Chantale du PNSA a à son tour expliqué aux participants la compréhension du cycle menstruel, l’utilisation des différentes serviettes hygiéniques, ceux à usage unique, à usage multiple, et les tampons.
La Coordinatrice de ReproJustice Congo, madame MWIZA KARITANYI Huguette, estime qu’il est vraiment important de faire de la menstruation un élément normal de la vie d’ici 2030 : « Une mauvaise santé et hygiène menstruelle entrave les droits fondamentaux des femmes, des filles et de toutes les personnes menstruées, notamment leur droit au travail et à la scolarité. Cela aggrave aussi les inégalités sociales et économiques. Tabous dans beaucoup des cultures, le déroulement et la gestion des menstruations restent des sujets obscurs. L’éducation physiologique est en général peu abordée au sein des écoles. On a toutes besoin de recevoir des informations au sujet de la gestion de l’hygiène menstruelle, qu’elles soient d’ordre biologique ou pratique sur la façon dont on doit gérer les menstruations. »
L’une des causes de l’absence des filles dans les écoles est liée à la mauvaise gestion des menstrues. Les filles ne sachant pas comment éviter d’être tachées en se protégeant, par honte ou par douleur préfèrent abandonner les cours. Les règles étant tabous et plusieurs personnes n’étant pas renseignées, les filles sont confrontées aux moqueries dans les écoles.
YARH-DRC